A l'heure, ou plutôt à la minute, où j'écris ces lignes, je viens de terminer ce livre, le monde selon Monsanto.
Dans le foisonnement de bouquins qui sont censés nous expliquer comment le monde fonctionne entre l'économie, les conflits, l'écologie, la politique, le social, la globalisation (« mondialisation » selon le terme français même s'il n'est pas justement employé), les marchés, les inégalités, la psychologie, la culture, ... (j'en passe sinon on peut en faire des pages) et qui vous disent tout et son contraire selon le camp l'auteur, il n'en est qu'un que je vous recommande : Le monde selon Monsanto.
C'est sûrement le livre de la décennie, probablement du siècle au vu de l'incidence de cette firme américaine sur le monde depuis les années 30. Voyez plutôt : Monsanto a commencé par tremper dans les pesticides (PCB) dont la pollution est telle que nous en avons tous dans le corps (à faible dose non mortelle mais qui, du coup, nous rapproche quand même un peu de la limite à ne pas dépasser) ; Vient ensuite la dioxine, la molécule la plus toxique inventée par l'homme, dérivée des pesticides grâce à laquelle Monsanto créa l'agent orange, un produit toxique aux résultats horriblement efficaces pulvérisé au Vietnam qui toucha également les militaires américains ; La firme continue ensuite avec les herbicides, créant le Round up, son produit le plus vendu, notamment grâce à une publicité mensongère (et reconnu comme telle par la justice) qui jurait que le produit laissait les sols propres, le tout sans parler des paysans des pays pauvres qui n'ayant pas de protection lors des épandages de Round up, se retrouvent gravement malades lorsqu'ils ne décèdent pas ; Enfin, Monsanto s'est attaqué à l'hormone de croissance bovine censé augmenter le rendement de lait mais qui est surtout efficace pour malmener les pauvres bêtes et dont l'incidence sur le lait n'est pas sans gravité, ce qui lui valut d'être interdit en Europe.
Pour conclure ce joli tableau, Monsanto est le premier producteur mondial d'OGM, et assure, évidemment, que ceux-ci sont sains, propres et rentables. Le livre de Marie-Monique Robin démolit ces postulats les uns après les autres tout en révélant d'autres vérités, comme le fait que la contamination des OGM sur d'autres champs normaux et bio arrange bien les affaires de Monsanto qui assoit doucement mais sûrement son pouvoir sur la production alimentaire mondiale, comme l'avouent certains de ses représentants. On dirait une fiction, ça n'a pas l'air possible, c'est trop gros... et pourtant : « L'espoir des industriels, c'est qu'avec le temps, le marché sera tellement inondé que vous ne pourrez plus rien faire, sauf vous rendre » déclarait début 2001 Dom Westfall, vice président de Promar International, un cabinet de consultant basé à Washington qui travaillaient pour les firmes de biotechnologies. Non, ce n'est pas de la science fiction. En tout cas, ça ne l'est plus.
Vous allez me dire que ce livre est partisan, donc qu'on ne peut croire tout ce qu'il raconte comme argent comptant. C'est une réaction saine et je ne pourrai vous prouver le contraire qu'en vous encourageant à le lire à votre tour. Tout ce que je peux vous dire, et qui n'engage que moi, c'est que Robin a passé quatre ans à rassembler les documents qui composent son analyse et que, personnellement, je n'ai rien vu qui manquait. Nicolas Hulot n'est pas la personne vers qui je me tournerai en premier pour parler de ce sujet, mais il résume finalement très bien ce que j'ai pensé de ce livre dans la préface qu'il a faite : « L'enquête de Marie-Monique Robin est serrée, elle est conduite au laser, les faits sont là, indubitables, les témoignages nombreux et concordants, les écrits dévoilés, les archives décryptées. Son livre n'est pas un pamphlet nourri de fantasmes et ou ragots. Il fait surgir un réel terrifiant. »
« Terrifiant », oui, c'est le mot. Je n'étais pas forcément totalement contre les OGM au début de ce livre. Mon expérience personnelle ne me permettait pas de juger de l'effet sanitaire des OGM ni de leur effet économique. La seule chose que je savais, c'était leur effet environnemental, grâce à quelques paysans que je connais. C'était le seul domaine sur lequel je pouvais me prononcer et qui n'était pas exempt de solutions possibles.
Puis au fil de la lecture m'est venue la terrifiante réalité des faits. Et aujourd'hui je peux le dire, je suis un anti-OGM. Les 350 pages du livre (très facile à lire, je vous rassure) ne m'ont pas convaincu puisque j'étais déjà enclin à lutter contre les OGM. Non, le livre m'a confirmé, avec brio, des choses que je savais déjà ou que j'avais entendu sans connaître la source de l'information. Puis il m'a montré ce que j'ignorais des autres effets des OGM que je ne pourrai vous résumer ici.
D'ailleurs si vous ne me croyez pas, ou si vous voulez en savoir plus, il vous suffit d'aller sur le blog de Marie-Monique Robin (déjà dans mes liens) où vous pourrez avoir un bel aperçu. Mais je vous conseille quand même de lire le livre.
D'ailleurs, le plus convaincant, c'est encore la réaction de Monsanto après la publication du livre et la diffusion du documentaire du même nom par la chaine Arte : « Le film et le livre de Marie-Monique Robin sont les dernières illustrations de la frustration des opposants aux biotechnologies. Ces travaux sont tellement partiaux qu'ils n'appellent aucun commentaire de la part de notre entreprise. » Donc, non seulement Monsanto réagit quand même tout en disant qu'elle ne le fait pas, mais en plus, sa seule réponse face au livre c'est de dire qu'il est « partial » et provenant d'une « frustration ». Est-ce que cela suffira à contrer une enquête sérieuse et approfondie ? J'en doute, même si le livre doit passer inaperçu aux yeux des décideurs qui avalisent tous les projets d'OGM grâce au lobbying, à la pression et à la corruption.
La réaction de Monsanto est claire, il faut enterrer l'enquête de Marie-Monique Robin. Curieux alors que d'habitude, elle ruine tous ses détracteurs à coups de procès multiples et coûteux. Pourquoi pas cette fois ? L'attitude de toute personne responsable, c'est donc de diffuser cette enquête, afin que chacun sache ce que Monsanto veut cacher.
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