Je n'ai pas grand chose à raconter en ce moment. Je travaille beaucoup dans des délais très courts et de temps en temps je sature alors je fais un article, mais sur quoi ?
Comme vous lisez ce blog, je vous sais gens intelligents, intéressés et sympathiques, aussi j'ai envie de vous parler de bonnes choses, par exemple de « Aniki, mon frère » (« Brother » en VO) de Takeshi Kitano. J'ai regardé ce film encore récemment car je me repassais les 3 saisons de « Dr House ». Non, je ne ferai pas la critique de « Dr House » car, comme je vous sais gens intelligents, intéressés et sympathiques, je sais que vous le regardez déjà. Dans ce cas pourquoi je vous ai déjà fait la critique de « Scrubs » et d'« Alien » me demanderez-vous ? Et bien je vous sais gens intelligents, intéressés et sympathiques mais n'empêche que c'est quand même moi qui écris ce que je veux, alors arrêtez de râler.
Donc, pourquoi j'ai eu envie de voir ce film en regardant des épisodes de « Dr House » ? Tout simplement parce qu'ils ont un acteur en commun, Omar Epps, excellent comédien qui alterne entre la télé et le cinéma. Il commence par se faire remarquer dans la série « Urgences » durant la saison 3, puis aura un rôle dans « Scream 2 », ensuite dans « Dracula 2001 », puis connaîtra la vraie consécration en 2004 avec « Dr House ».
En 2000, il tourne donc avec Takeshi Kitano, acteur, scénariste, producteur et réalisateur japonais, demi-dieu dans son pays et reconnu pratiquement comme tel au niveau international. Et pourtant, il débute dans des shows télévisés potaches à l'humour déjanté et souvent en dessous de la ceinture sous le nom de scène de Beat Takeshi (pendant longtemps il fera la distinction entre sa carrière d'acteur en tant que Beat Takeshi et sa carrière de réalisateur en tant que Takeshi Kitano, même lorsque les deux se rejoignent). Carrière qu'il n'a jamais abandonné puisque récemment encore il a lancé le « Takeshi castle », sorte de intervilles totalement barré.
C'est donc un énorme choc lorsqu'en 1991, il réalise son premier film « a scene at the sea » dans lequel il raconte l'histoire d'un jeune sourd muet épris de surf, dont la passion l'éloigne peu à peu de sa petite amie, également sourde muette. Et ce n'est encore rien avec les films qu'il enchaine ensuite portant sur l'univers des yakuzas. Il ne trouve pas son public jusqu'à « Hana-bi », l'histoire d'un flic dont la femme est atteinte d'une maladie mortelle qui va tout faire pour lui offrir un dernier moment inoubliable. A partir de là, il va faire plusieurs chef d'oeuvres, dont le sublimissime « l'été de Kikujiro » (une prochaine critique, o-bli-gé) où un ancien yakuza (encore) aide un enfant à retrouver sa mère, ou encore « Zatoïchi », film de samouraïs inspiré de la série homonyme la plus populaire qui ait jamais existé au Japon.
En 2000 donc, ces deux là tournent « Aniki, mon frère ». Un yakuza (ben oui) doit fuir le Japon suite à la trahison de plusieurs membres de son clan et en reforme un nouveau sur la base du gang de dealers minables de son demi-frère. Important les méthodes de yakuza, il va vite faire grandir son nouveau groupe mais va également s'attirer beaucoup d'ennui.
Une histoire simple donc, mais détonante. Notamment grâce à la réalisation très atypique de Kitano qui, malheureusement, rebute pas mal de gens qui ne le comprennent pas au premier abord. Moi-même, à la première vision du film, je n'ai pas été emballé plus que ça. Puis je l'ai revu. Et re-revu. Et re-re-revu... Bref, à chaque nouvelle vision, je le trouve meilleur. Soyez en tout cas prévenu, si vous voulez vous mettre aux films de Kitano, ça demande un certain effort. Pendant ces films, vous ne serez pas que spectateurs.
Kitano est peintre, ce qui explique bien des choses. Il aime faire des petits plans fixes rapides, comme des tableaux, en laissant le temps au spectateurs de comprendre la signification de l'image grâce à la scène précédente ou la suivante. Ces petites scènes, on le comprend vite, sont les conclusions d'actions qui ont eu lieu précédemment mais que l'on a pas vu. Un peu comme si je vous disais, « j'ai mal à la tête » et que la seconde suivante, vous avez un plan sur un verre d'eau à côté d'une aspirine. C'est tout bête mais ça marche bien. Dans le film de Kitano, ça se traduit plutôt par « ces mecs commencent par me faire chier » puis un plan fixe sur un tas de cadavres. Et ça marche aussi.
Autre démarche atypique de Kitano, en tant qu'acteur cette fois, c'est qu'il ne change quasiment jamais d'expression. Quoi qu'il se passe, quoi qu'il se dise dans une scène, il reste stoïque. Pas envie de se fouler ? Non. En fait, Kitano veut que ce soit le spectateur qui imagine ce qu'il ressent et ce qu'il pense. Il reste donc impassible et c'est à nous de faire tout le boulot en nous demandant, grâce à ce qui se passe autour, ce qui peut bien ce passer dans sa tête. Et vous savez quoi ? Le pire, c'est que ça fonctionne aussi. Bien sûr, cela nécessite d'être vraiment prit dans l'histoire. Ce n'est donc pas le genre de film à regarder au milieu d'un groupe de potes pendant une soirée pizza. Là, vaut mieux regarder « Rush hour ».
Autre particularité du film (et oui, encore), il faut aussi parler un peu de la façon dont Kitano filme la violence, parce que les yakusas, c'est pas des fans des bisounours. Enfin peut être, mais ils évitent de le dire en général. On a donc droit à des scènes bien crues, notamment la première rencontre entre le personnage de Kitano et celui de Epps, où le premier crève l'oeil du second avec un tesson de bouteille en caméra subjective, à des scènes où la caméra se fixe partout sauf sur l'action en court, par exemple en montrant un cadavre entouré de flashs de fusillades. Ce n'est pas pour faire des économies (encore que évidemment ça coûte moins cher), ni de la censure (des mecs qui se font flinguer bien dans le cadre y'en a un paquet aussi et pas seulement flinguer parfois), mais bien pour montrer une autre dimension du film (laquelle ? Ben là faut le voir où je vais devoir faire un roman).
Enfin, dernière particularité du film, c'est une production américano-japonaise bien répartie moitié-moitié, ce qui est intéressant en soi, enfin surtout si vous êtes du genre à vous faire tous les bonus de tous les DVD. Mais c'est aussi toute la dimension psychologique du film puisque Kitano cherche à montrer que les liens du sang ne représente rien et que l'on peut se sentir plus proche d'étrangers que de sa propre famille. De fait le personnage de Kitano est beaucoup plus proche de celui de Epps (malgré la scène de la rencontre, oui) que de son demi-frère.
Bref pour conclure en faisant court, c'est un film atypique, intéressant, violent, marrant, artistique, psychologique, sombre, etc... bref, un chef d'oeuvre que je vous recommande chaudement.
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