dimanche 24 janvier 2010

Un dessineux dans la mousse

Aujourd'hui j'ai été au salon « richement bière » de Richemont [1]. Qu'y trouve-ton ? Et bien surtout de la bière. Oui, je sais j'aurai pu ménager un peu plus le suspens. Mais quand je dis de la bière, en fait, vous pouvez y trouvez surtout des brasseurs, pleins de brasseurs. Chacun a son stand où pour la modique somme de 1 euro 20, vous avez droit à une petite dégustation.

« Bourrage de gueule à donf » me direz-vous. Que nenni. Les doses sont petites mais il y a aussi le service de sécurité qui gère la déconne trop poussée. Et l'intérêt du salon est de goûter à des trucs originaux que l'on trouve rarement dans le commerce. La plupart des brasseurs sont d'ailleurs ce qu'on appelle des micro-brasseries [2], de petites brasseries locales et artisanales (généralement). Bref, il y a du choix et de la qualité.

Et puis on découvre aussi d'autres trucs, la gelée de bière par exemple qui est excellente, la liqueur de bière ou le pâté à la bière ou... etc... Le salon cherche à se diversifier et, mine de rien, il a de quoi faire, ne serait-ce aussi que dans la vente de produits dérivés.

Quelques anecdotes amusantes, en parcourant le salon je suis tombé sur des bières africaines, dont une Guinness... du Cameroun [3], bière très populaire à travers l'Afrique, il paraît qu'on en fait aussi au Mozambique, dixit le très sympa représentant de la brasserie. Bref, dégustation oblige. C'est très bon mais c'est pas du tout de la Guinness comme on la connait par ici. Enfin bon, j'ai quand même pris un assortiment de 8 bières africaines, dont celle-ci.

Et puis cette année, le salon de la bière avait un invité de marque, monsieur Louis Michel Carpentier, dessinateur de son état. Et vous savez comme j'aime les dessineux. Je connaissais Mr Carpentier pour sa célèbre série « Du côté de chez Poje » avec l'immense scénariste Raoul Cauvin [4], qui raconte les gags divers d'un patron de bistrot, justifiant sa présence en un tel salon. Moi, j'apprécie tout de suite le bonhomme. Il est pas très causant, mais c'est un peu comme moi, alors ça me plait bien. J'apprends par le net qu'il a autrefois travaillé sur certains dessins animés d'Asterix et de Lucky Luke, c'est dire si je suis d'autant plus content d'avoir pu lui serrer la pogne.

Je lui ai acheté l'une de ses séries en 5 tomes intitulée « le jour le plus con », de la BD très tournée vers l'humour noir, et même en plein dedans puisqu'il s'agit de gags et d'histoires longues humoristiques (selon les albums) sur la première guerre mondiale. C'est totalement irrévérencieux [5], sanglant, trash et férocement drôle. J'adhère carrément. Et je n'ai encore lu, au moment où j'écris ces lignes, que le premier tome.

Evidemment, l'auteur m'a fait une petite dédicace sur le premier album que je m'empresse de partager avec vous.


Voilà, pour finir, je préciserai que je n'ai pas pu déguster beaucoup de bières car j'étais le conducteur [6] mais que même si je le suis encore [7] dans deux ans [8], j'y retourne sans hésiter.


PS : Madame Carpentier, plus bavarde que son mari, m'a refilé de jolies cartes postales illustrées et un portfolio que je ne peux reproduire ici pour questions de droits d'auteur. Elle m'a aussi donné l'adresse internet de la maison de production créée par Louis Michel Carpentier ainsi que le site dédié à l'une de ses autres séries "Embrouilles à Mortecouille", qui m'a l'air terrible mais que je n'ai pas pu acquérir au salon faute de moyen. Et pour finir, Mr Carpentier est également l'auteur du dessin qui illustre la première page du site du salon.



[1] Notez le jeu de mot très fin.

[2] A noter que si les grosses brasseries industrielles sont plutôt en difficultés ces temps-ci, ce n'est pas le cas des micro-brasseries qui ont le vent en poupe et qui marchent très bien. J'ai lu ou entendu ça quelque part mais je ne sais plus où.

[3] Tout ce qu'il y a de plus authentique.

[4] Cedric, Pierre Tombal, Les tuniques bleues, Sammy, l'agent 212, Les femmes en blanc, Cupidon, Les psys, etc...

[5] J'aurai pu dire, comme c'est la mode, « politiquement incorrect », mais le terme est tellement usé dans tous les sens et par n'importe qui à propos de n'importe quoi que ça ne veut franchement plus rien dire.

[6] Oui parce que je ne vous ai pas dit que j'y étais allé avec ma charmante cousine et son non moins charmant copain ainsi qu'avec un autre type qui depuis 29 ans dit qu'il est mon frère. Si ça peut lui faire plaisirs, ma foi.

[7] Mais bon, ce sera pas moi. Y'a intérêt.

[8] Oui, le salon n'a lieu que tous les deux ans.

lundi 11 janvier 2010

Je dessine pas, mais je me soigne

Je ne me rendais pas compte mais en fait j'ai un autre blog. Un blog de dessin. La classe.
Alors ceux qui me connaissent vont dire "mais comment cette tanche peut avoir un blog de dessin alors qu'il dessine aussi bien qu'un manchot tétraplégique". Ben parce que c'est pas moi qui les fait.
J'ai découvert il y a un certain temps le site Stripgenerator, qui permet de faire des petites bandes dessinées avec des personnages, des objets et des formes prédéfinies. Du coup ceux qui ne savent pas dessiner ne savent toujours pas mais ils peuvent s'amuser à faire comme si.
Alors voilà que je découvre pas que le fait de s'inscrire sur le site vous offre automatiquement... un blog. Tous les strips que j'ai fait sont donc répertoriés à l'adresse :

http://netrunner.stripgenerator.com/

Le nom "Darklord" étant déjà prit, j'ai dû choisir un autre nom (en référence à Cyberpunk, pour les fans de jeux de rôles).
Enfin bref, que trouverez-vous sur ce blog ? Et bien plein de strips pour Edenya parce qu'on a fait des concours de vannes par dessin et que les non dessineux s'aidaient évidemment de strip generator. Et puis quelques dessins politiques aussi, parce que j'ai toujours aimé ça dans les journaux. Même qu'à la fac j'en faisais à la main, mais ça n'avait pas le même rendu évidemment. Et c'était beaucoup plus trash, parfois, à l'époque de ma folle jeunesse.
Donc voilà, si ça vous tente, allez y jeter un oeil. Pis si ça vous fais pas envie, ben je vous en colle un exemple juste là quand même par principe.

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jeudi 7 janvier 2010

Mon identité nationale


Longtemps j'aurai été contre le fameux débat sur l'identité nationale. Pour une raison simple, il ne peut apporter que discorde et exclusion. Mais à force de réflexions inévitables dû à la quasi-omniprésence des polémiques que ce débat engendre, j'en suis finalement arrivé à la conclusion que l'on ne pouvait, démocratiquement parlant, être contre un débat.

Certes, c'est un argument utilisé par le gouvernement de manière bien opportuniste (il n'avait pas les mêmes considérations lorsqu'il refusa arbitrairement et sans raison le débat sur l'adoption par les couples homosexuels) mais il faut reconnaître que l'on nous demande assez peu notre avis sur n'importe quel sujet. Donc puisque le débat est lancé essayons au moins de faire entendre notre voix.


Je ne pense pas que cela mènera à grand chose. J'ai toujours crains que ce débat ne soit un prétexte, un écran de fumée pour que le gouvernement amène ses propres idées sur la question. Le premier point d'étape sur l'identité nationale, présenté le lundi 4 janvier, ne fait que renforcer ces soupçons.

Tout d'abord, le débat est d'une opacité totale. Le site internet du débat en est à plus de 50 000 contributions. Qui va aller vérifier ce qui se dit vraiment ? Pour cela nous nous en remettons uniquement à la société TNS Sofres qui comptabilise le tout. Et d'où proviennent ces contributions ? Éric Besson proclame à qui veut l'entendre que le débat est « un immense succès populaire » et qu'un « très grand nombre de français s'en est emparé et souhaite s'exprimer ». Sur plusieurs dizaines de millions de français, à peine 50 000 contributions. C'est peut être important dit sans recul, mais en réalité, c'est presque marginal. Et de ces nombreuses contributions nous ne savons rien. Comment savoir que ce qu'elle raconte est bien le reflet de ce que pense la majorité des français ?

Je me suis inscris sur le site du débat. Comme sur de nombreux sites internet, on vous demande un nom d'utilisateur et un mot de passe. Rien de plus. Comment M Besson peut-il affirmer dès lors que « le débat n'est pas accaparé par un parti politique ou une administration » ? Qu'en sait-il ?

Le débat comporte aussi des réunions locales dont on nous dit, selon le dossier de presse du bilan, que « les élus de gauche ont répondu à l’invitation et ont été présents dans 50% des réunions locales. Quand les élus de gauche ne sont pas là, ce sont d’anciens élus ou des représentants d’associations qui expriment cette sensibilité ». Politiquement parlant, on est loin de l'équité.

Un débat est une chose, mais on ne peut considérer qu'il est forcément le reflet de la majorité, surtout quand certains ont déjà annoncé qu'ils n'y participeraient pas. L'on me dira « tant pis pour eux », peut être, mais c'est un droit de ne pas vouloir se prononcer sur un sujet. Comme le disait Alexis de Tocqueville, la Démocratie reconnaît au citoyen le droit de ne pas être citoyen. Quoi qu'il en soit, cela ne rend pas les conclusions du débat plus légitime.


Mais rebondissons sur la pensée de Tocqueville. Personne, en Démocratie, ne vous oblige à tenir vos responsabilités citoyennes, aussi bien les droits que les devoirs. Nous ne sommes pas forcés, et c'est heureux, de nous réclamer sans cesse de notre citoyenneté. Dans le même ordre d'idées, pourquoi dès lors, devrions-nous nous réclamer Français à tout bout de champs ?

Que l'on me comprenne bien. Je fais parti des français qui n'ont pas besoin de prouver qu'ils le sont. Mes parents le sont, mes grands parents aussi... bref, personne ne peut me dire que je ne suis pas français. Pour autant, je ne me suis jamais posé la question de savoir pourquoi je l'étais. Et aujourd'hui que la question se pose, je me suis interrogé. La réflexion a été longue et je me suis servi du débat pour essayer d'y voir plus clair. Mais il m'est apparu clairement que je n'avais pas grand chose de commun avec ceux qui se disaient « français ». Comment puis-je être si différents de gens qui sont comme moi ?

Mais en réalité le débat tel qu'il est mené actuellement n'est pas une bonne base de réflexion. C'est clairement un échange d'opinions politiques et pas les plus neuves, n'en déplaise à M Besson qui prétend le contraire.

Or donc, je poursuis mes réflexions sur la différence entre français. Et il m'apparait alors que j'ai bien une identité nationale française. Sauf qu'elle n'est pas la même que celle d'un autre français. Me reviens alors en mémoire cette autre phrase d'un autre grand homme, à savoir Georges Brassens : « Moi je n'aime pas la patrie. J'aime la France. Et c'est tout à fait différent. »

J'ai une identité nationale. Mais elle n'est pas la même que celui qui pense, par exemple, que la chasse est une tradition. Pourtant, pour lui, cela fait parti de l'identité nationale. S'il impose son point de vue, dois-je devenir soudainement un amoureux de la chasse pour rester français ? Et si moi, j'impose le mien, tous ceux qui ne pensent pas comme moi, qui ne ressentent pas la France comme moi, devront-ils changer pour rester français ?


L'acceptation de l'identité nationale est multiple. Elle ne saurait être unique. En ce sens, le débat est un piège puisqu'il a pour objectif affiché de « faire émerger, à partir de propositions mises en débat par les différents participants, des actions permettant de conforter notre identité nationale, et de réaffirmer les valeurs républicaines et la fierté d’être Français ». Et que faire si ces actions confortent « une » identité nationale dans laquelle je ne me reconnais pas ? Que faire si l'on réaffirme les valeurs républicaines en les instrumentalisant ?

Pourquoi serais-je fier de la France ? Il y a bien des points sur lequel je suis content d'être français et que je suis fier de compter dans mon identité nationale. Le fait que ce pays ait été la première Démocratie au monde, les pensées et écrits des Lumières, la gastronomie, etc... des choses nombreuses et différentes. Pour autant, pourquoi serais-je fier d'autres points qui, au contraire, pour moi, ne participe pas à la grandeur de la France ? Dois-je être fier de Vichy ? Dois-je être fier de la torture en Algérie ? Dois-je être fier que des enfants arrêtés devant leurs camarades à la sortie de l'école soient enfermées dans des centres de rétentions ?

Je peux être fier de la France, et donc d'être français, mais ce n'est pas toujours le cas. Va-t-on me forcer à être fier de mon pays en toute circonstance et quoi qu'il s'y passe ? Pourrait-on vous forcer à accepter et être fier de tous ce que vous n'aimez pas en France ?

A la lecture du premier bilan du débat, certaines propositions retenues me font frissonner. Par exemple, solenniser l’accession à la citoyenneté, par un serment citoyen, des Français à l’âge de la majorité et des étrangers accédant à la nationalité française. Cela va à l'encontre du principe démocratique énoncé par Tocqueville un peu plus haut. Tout dépend, évidemment, de ce que contiendra ce serment. Et si l'on est pas d'accord avec ? Nous ne serons plus français ? Ou alors il sera obligatoire, et nous perdrons alors un principe démocratique essentiel.


Le danger, vous l'aurez compris, est de formaliser une identité nationale unique qui ne serait forcément que le reflet d'un parti pris idéologique, même le plus ouvert possible. C'est d'ailleurs la façon de penser des extrêmes. A nouveau je dois m'inscrire contre M Besson lorsqu'il dit que « ce

qui fait le jeu des extrêmes, ce n’est pas le débat, c’est le tabou. Ce qui fait le jeu des nationalistes, ce n’est pas que nous soyons trop nombreux à parler de Nation, c’est qu’ils soient les seuls à en parler. » Ce n'est pas tout à fait vrai, ou plutôt, c'est un raisonnement beaucoup trop simpliste dû au fait que le ministre se défend surtout des accusations de racisme envers le débat. En réalité les nationalistes tentent d'imposer un point de vue unique de ce que doit être la nation et donc l'identité nationale. Se réapproprier l'idée de nation pour lutter contre ce danger est une chose mais c'est insuffisant. Que doit-on en faire ensuite ? Le problème du débat sur l'identité nationale ne tient pas au fait d'en discuter mais d'en arriver, bon gré mal gré, à une définition de cette identité. Or l'identité nationale est un processus personnel qui ne saurait être résumé à une définition, quelle qu'elle soit. De fait, une définition exclurait ceux qui, tout en étant français, ne se reconnaissent pas en elle. Si ce débat en arrive à une vision unique de l'identité nationale, alors il aura fait le même jeu que les nationalistes. Il ne faut pas opposer une vision unique à une autre, mais affirmer le pluralisme idéologique de la France.


Je crois que formaliser l'identité nationale est une erreur car nous avons tous notre interprétation de la France et de ses valeurs. La question que nous devons tous nous poser est « et si l'identité nationale qui ressort du débat n'est pas celle en laquelle je crois ? ». Que ferions-nous ?


Au final, la réflexion n'a pas toujours été facile pour moi. J'en suis quand même arrivé à me questionner. Je crois qu'aujourd'hui je peux finalement résumer tout cela en une phrase très simple :


Je suis français, et personne n'a le droit de me dire comment je dois l'être.