lundi 22 septembre 2008

A découvrir si ce n'est déjà fait : Lovecraft et Pratchett

Je me targue d'être un peu écrivain et très amateur. Je ne remercierai d'ailleurs jamais assez Mouton d'avoir créé Edenya où je ne cesse d'essayer de me perfectionner dans cet art, et qui, comparativement avec mes premiers essais, m'a déjà permis de progresser. Et c'est pas évident. En faisant des petits textes où l'inspiration joue au yoyo et où il est difficile de trouver le mot qui désignerait sans faille (et de manière élégante, s'il vous plaît) ce que l'on veut dire précisément, on mesure à quel point la distance est grande entre un grand auteur et une petite merde.

Toutefois, l'auteur se doit d'avoir sa propre ligne de conduite que même les plus grands ne parviennent pas à modifier. Si les influences sont multiples, elles restent souvent mineures. De fait, lorsqu'on regarde ce que disent les auteurs sur leurs influences, ils ne revendiquent souvent qu'un ou deux de leur maîtres, ceux dont ils ont sentis qu'ils les poussaient vers un changement profond de leur art. Actuellement, seuls deux auteurs ont changé radicalement ma façon d'écrire. Le premier est Howard Phillips Lovecraft. Le second, Terry Pratchett. Difficile de faire plus opposés, ou peut être pas.






Le premier écrit des contes d'horreur, malheureusement assimilés à de la science fiction (dû à un manque de reconnaissance de la littérature d'horreur quand elle ne provient pas d'auteurs contemporains comme Stephen King, selon moi) alors qu'il s'agit pourtant de deux genres différents (bien que liés sur certains points) qui mériteraient d'être reconnu pleinement pour ce qu'ils sont. Mais je m'égare (mais ça m'énerve aussi un peu).

Lovecraft donc, écrit des contes d'horreur que je pourrai qualifier de viscérale. Son but est de faire peur en évoquant l'inconnu, source de terreur reconnue depuis l'aube des temps. Seulement évoquer l'inconnu est forcément complexe puisqu'on ne sait pas de quoi il s'agit. Lovecraft a recours à une perception de l'esprit, plutôt que des choses. Avec lui, on sent ce qui approche sans jamais le voir, à part parfois ses quelques conséquences insufflant le suspens à l'intrigue. Lovecraft évoque l'impalpable, l'inqualifiable, l'insondable. Quelque chose dont on ignore tout et dont on ignorera toujours tout, même si on le voyait. De fait, la folie est une chose courante dans les récits de Lovecraft. Ses personnages qui se sont retrouvés en présence des horreurs qu'il imagine n'ont que rarement la capacité mentale de comprendre et d'interpréter ce qu'ils voient. Le résultat est souvent un être prostré ou un assassin fou furieux.

Le génie de Lovecraft tient dans cette façon d'amener cette horreur incompréhensible à la portée du lecteur mais de toujours le laisser imaginer qu'il n'a vu qu'un fragment infime de l'immensité qui se cache réellement derrière. Résumer Lovecraft à ses créatures gigantesques et tentaculaires (prétexte à de nombreux navets au cinéma) c'est faire preuve d'un manque de réflexions consternant. Dans les récits, tout comme dans les rares bons films s'en inspirant, les créatures de Lovecraft ne sont révélées (lorsqu'elles le sont) qu'à la toute fin de l'histoire, après avoir su distiller cette ambiance d'horreur inconnue, incompréhensible et folle qui nous dépasse totalement et devant laquelle il n'y a généralement qu'une chose à faire : Fuir à toutes jambes.



Cthulu dans sa cité cyclopéenne, l'une des créatures principale de la mythologie créée par Lovecraft




Pratchett, c'est autre chose. L'humour a toujours fait parti de sa façon d'écrire, du moins si l'on se base sur ses oeuvres de jeunesse dans lesquelles il se cherche encore. Mais en 1983, il écrit le premier roman des annales du disque monde et révolutionne la littérature fantastique. Le cycle des annales du disque monde représente une volonté de reprendre et parodier les grands écrits de fantaisie, notamment J.R.R. Tolkien, mais aussi d'y ajouter une parodie et une critique de notre monde moderne. A travers un mélange réussit (et c'est très dur) de différentes époques (antique, médiéval et moderne pour les principaux), Pratchett nous offre une sorte de fantaisie burlesque que n'aurait pas reniés les Monthy Pythons (je pense souvent à eux quand je lis ces romans).

Pratchett a non seulement une imagination débordante mais aussi une plume précise et libérée de toute convention pour nous en faire profiter. Les annales du disque monde sont devenues, avec raison, une oeuvre culte et adulée.

Le disque monde est donc un monde (sans dec' ?) plat et rond reposant sur le dos de quatre éléphants géant, reposant eux-mêmes sur la carapace d'une tortue, la grande A'Tuin, d'une longueur de plus de 15000 kilomètres. Et ce monde est plein à craquer de héros en tout genre, mais surtout de anti-héros généralement largués du début à la fin de l'histoire et sauvant le monde presque par hasard. Car notre société moderne, croquée par Pratchett, ne peut contenir de vrais héros mais toujours des personnages qui se retrouvent dans des situations qu'ils n'ont pas souhaitées et dont ils n'ont qu'une obsession : S'en débarrasser à tout prix et continuer à vivre tranquillement comme avant.





J'en veux un comme ça :


Et pour le plaisir, une petite digression trouvée totalement par hasard sur le net, la rencontre entre le disque monde et Cthulu :

2 commentaires:

Anonyme a dit…

J'adore Pratchett, et j'avoue, j'adore tes textes aussi.
Et encore plus ceux d'Edenya forcement. J'espère qu'Edenya pourra te servir encore très longtemps de terrain de jeu!!

Et j'espère également qu'un jour tes talents seront reconnus à la hauteurs de ceux de Pratchett!! T'es sur la bonne voie, continue!

Darklord a dit…

Roooh c'est gentil. Tu peux pas me voir mais une larme perle à mon oeil tellement je suis ému.
Ouais, je crois que Edenya va prendre une tournure un peu plus Pratchettesque.