mardi 23 février 2010

Drulls et dralas


Voilà, ça y est, il est arrivé. Le tome 2 du Monde de Titus par Koulou a atterrit ce matin dans la boîte aux lettres. Et évidemment, je l'ai aussitôt dévoré. Et ben ça valait le coup d'attendre. Ce nouvel album est MO-NU-MEN-TAL. Rien que ça.

Bon, que je vous re-situe un peu tout le shmilblick. Le peuple des snogards vivaient sur l'ile aux tortues[1] où tout n'était que tranquillité. Si ce n'était une assez forte distinction sexuelle de la société, ce serait le paradis. Malheureusement un jour le dieu du volcan se réveille de mauvais poil et décide de tout casser. Mais un drull[2] prévient le héros Titus de ce qui va se produire. Les Snogards sont obligés de fuirent vers des cieux plus cléments et ils découvrent une terre propice à les accueillir.

Le premier tome s'écoulait ainsi entre la vie presque idyllique des Snogards et leur fuite obligée de l'ile aux tortues. Dans le tome 2, les voilà plongés dans le monde, celui où la vie ne se passe pas aussi facilement. Heureusement, ils rencontrent les Héllénides, un peuple bienveillant qui leur accorde des terres et leur amitié. Les Héllénides est également un peuple avec une forte distinction sociale du sexe, mais à l'inverse des Snogards, ce sont les femmes qui commandent. Cela ne manque pas d'étonner les Snogards... et de ravir les SnogardEs. Et puis ensuite... Hé mais qu'est-ce que je fais moi ? Je vais pas tout vous raconter non plus.

Vous voulez savoir ? Alors suivez le lien vers le site de l'éditeur Grr...art et ajoutez « Le monde de titus tome 2 » à votre panier.

Bon, si on devait résumer le tome 2 en une phrase, je dirai « les choses sérieuses commencent ». C'est un peu comme un slogan de film, mais y'a de ça. Le tome 1 était une introduction de la longue[3] histoire à suivre, et « introduction » est le mot puisqu'il s'agissait bien d'introduire les Snogards, à la fois au lecteur et au monde qui les attends.

Deux thèmes principaux se retrouvent dans la continuité de l'histoire, la spiritualité et le féminisme. Abordés dans le premier tome, Koulou va encore plus loin dans leur développement avec le nouvel album. Cette fois-ci, les héros vont devoir véritablement faire face à leurs croyances, spirituelles et sociales à travers un voyage initiatique. J'aime particulièrement les passages où Titus découvre ce que cela fait d'être traité comme une personne inférieur, comme une gonzes... une femme. Et j'aime aussi les réactions de satisfaction féroce de son amiE Maya qui l'accompagne euh... non... du coup c'est lui qui l'accompagne... euh... enfin je sais plus. Mais ça vous donne une autre occasion pour lire ce nouvel album.

Dans le même temps, le livre nous raconte les premières difficultés des Snogards avec la dure « réalité »[4]. A savoir, en premier lieu, la guerre. Certes, ils ont aussi des alliés, mais on ne peut pas dire que ce soit le pot d'accueil le plus chaleureux qu'on ait connu. J'ai été frappé par la façon dont Koulou a raconté ce passage. Les moments les plus violents sont en noir et blanc, sans paroles ni onomatopées, tranchant clairement avec le reste des cases, les sortant presque de leur contexte et donnant le sentiment que tout cela n'est pas « réel »[5], ce qui est probablement ce que doit ressentir Syrius, l'ami de Titus, qui voit les autres guerriers tomber près de lui. Une scène exceptionnelle et sans auto-censure de la violence qui est tout à l'honneur de Koulou. Bon, au niveau guerre, on peut toujours faire plus trash si on le veut, il n'y a qu'à voir la série le jour le plus con de Louis Michel Charpentier[6], mais l'exagération n'est pas de mise ici.

Les combats sont toujours difficile à traiter. Dans ma fanfic sur « Loup garou : l'apocalypse », j'ai utilisé la même idée que Koulou lors d'un passage extrêmement violent, à savoir lui donner un air irréel[7]. Mais tout est question de dosage parce qu'il ne faut pas que cela soit non plus trop détaché de la réalité. C'est une problématique que l'on rencontre dans toutes les formes de narration. Je me souviens que dans les commentaires de la version longues des « Deux tours », plusieurs membres de l'équipe étaient mal à l'aise lorsqu'ils parlaient des batailles. Il y a un grand moment dans le commentaire de Elijah Wood, Sean Astin et Andy Serkis, où les trois acteurs discutent carrément de la raison d'être de la guerre sans plus trop se soucier des images qui défilent, essayant d'expliquer en ces temps troublés[8] que la guerre n'est pas une bonne chose sans qu'on réussisse à l'éviter pour autant.

Ce genre de réflexions vaut quand on est face à la guerre proprement dite, mais sans tenir compte de ses causes préalables. Nombre de personnes pensent que la seconde guerre mondiale était inévitable, je pense qu'au contraire elle aurait pu être évité si la plupart des pays ayant combattu le régime nazi s'étaient donné la peine d'intervenir alors que les troupes allemandes s'emparaient en toute impunité de la moitié de l'Europe. Evidemment, une fois qu'on en est arrivé là, la guerre ne peut plus être évitée. Bon, ça a l'air d'une longue digression tout ça mais je ne perd pas de vu Koulou et sa BD, je vous rassure. Au contraire, maintenant je peux aussi parler d'un autre passage que j'ai aimé dans ce tome là, c'est celui où les « ennemis » se décident à attaquer et où l'on voit (assez rapidement) les causes du conflit et comment, peut être, il aurait pu être évité.

Donc voilà, tout ça pour dire que l'album a été très bien pensé dans tous les détails. Et en parlant de détails, je ne vous ai pas encore parlé du dessin en lui-même. Bon, normalement je n'ai pas trop besoin de vous en parler, vous avez dû les voir les dessins de Koulou, puisque son blog est en lien là sur votre droite. Mais bon, ça fait toujours plaisir de dire à quel point on est impressionné par la quantité de détails qu'il apporte et le soin qu'il met dans la définition visuelle des différentes cultures de son histoire. Et puis y'a les têtes carrés, ça, c'est mythique.

En bref, achetez vite le tome 2 du « monde de Titus », et le tome 1 si vous l'avez raté et allez dire un petit bonjour à Koulou sur son blog. Et aussi, encouragez-le, parce que maintenant, on attends le tome 3.



[1] Présentement c'est aussi le titre du premier album, ça tombe bien.

[2] Vous savez pas ce que c'est ? Dommage, fallait lire le tome 1... non, bon, d'accord, un drull est une petite créature qui apparaît à certaines personnes pour leur faire part d'un présage.

[3] Enfin j'espère.

[4] En bon sociologue je sais que la réalité n'existe pas et qu'il n'y a que des représentations de la réalité, mais si on va par là, on a un mot dans notre vocabulaire qui ne sert plus à rien.

[5]Et oui, ça ne l'est pas, parce que la réalité n'existe pas il n'y a que des représentations... Quoi ? Déjà dit ?

[6] Voir un précédent article

[7] Plus simple avec un loup garou parce qu'il peut entrer en « frénésie », ou en folie furieuse meurtrière, si vous préférez.

[8] « Les deux tours » sortaient en 2002, à peine un peu plus d'un an après que deux autres tours aient été détruites et que l'Afghanistan était le terrain de jeu des GIs.

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